Église de Saint-Denis du Pin

église de Saint-Denis du Pin
L’église depuis le sud

Données issues de l’inventaire du patrimoine des Vals de Saintonge.

Historique

Commentaire historique : Vers 1025, le vicomte d’Aulnay se faisant moine aurait donné à l’abbaye de Saint-Jean d’Angély une chapelle dédiée à Saint Denis (« Santi Dyonisii de Pino »), en même temps qu’un alleu et la forêt d’Essouvert. Un prieuré dépendant de l’église, sans doute attenant, est mentionné en 1301.

L’église primitive a vraisemblablement été bâtie au 11e siècle. La nef, bien que remaniée par la suite, pourrait dater en partie de cette période, comme semblent l’attester deux baies pourvues d’un décor de faux claveaux. Mais l’élément le plus remarquable de l’édifice primitif est le haut clocher carré qui flanque la nef au sud. Exceptionnel dans la région, ce clocher, dont la forme rappelle celle d’un minaret, serait le signe de l’influence de l’art mauresque jusqu’en Saintonge. Sa silhouette aurait valu à l’église le surnom « d’aiguille du Pin ».

L’église a subi d’importantes reconstructions, comme l’indiquent le mélange désordonné de pierres de taille et de moellons et la présence de nombreux remplois. Il est toutefois malaisé de dater la plupart des transformations de l’édifice, faute de documents. Certaines pierres du mur sud de la nef, de couleur brun-rouge, témoignent peut-être d’un incendie. Sans doute une grande partie de la nef ainsi que le chœur sont le fruit de reconstructions réalisées à une ou plusieurs époques indéterminées, vraisemblablement à l’économie. Le choeur et le portail occidental actuel, de facture gothique, pourraient avoir été ajoutés au 14e siècle. La chapelle latérale, qui condamne en partie une baie du chœur, est postérieure, peut-être du 15e siècle (?).

Plusieurs sources indiquent la présence, dans l’épaisseur du mur est de l’entrée de cette chapelle, d’une inscription funéraire surmontée de deux blasons et d’une couronne : « Ci-gît le corps de Messire Alexis Pallet écuyer chevalier seigneur de Lajallet et de la Sauzais Lerousseau âgé de 42 ans décédé 27 de mai 1737 priez Dieu pour son âme ». Cette inscription n’est aujourd’hui plus visible, mais témoigne de l’inhumation de certaines personnalités de la paroisse dans l’église jusqu’au 18e siècle.

A la fin du 18e siècle, l’état du clocher est l’objet de l’inquiétude des habitants. En 1772, Bernard Ravau, architecte déclaré adjudicataire des travaux de réparation à réaliser aux églises de La Benâte et de Saint-Denis du Pin, signale que celui-ci menace « une ruine très prochaine et que dans le cas où il viendroit malheureusement à écrouler il ruineroit la voûte et les murs de ladite église ce qui occasionneroit des dépenses infinies relativement aux facultés des habitants ». C’est peut-être dans les années suivantes que les baies du clocher ont été murées pour consolider l’édifice.

En 1806, suite à la Révolution, l’église et le presbytère ne sont pas employés pour le culte. Saint-Denis du Pin est érigée en succursale par décret du 18 août 1818. En 1845, le maire indique que l’église « est dans un bon état de conservation et pourvue de tout ce qui est nécessaire à la décence du culte, la porte est dans un état de dégradation complète, les pierres sont rongées par le salpêtre, minées par la gelée et menacent ruine, la couverture du cloché est très mauvaise ». Ce jugement est confirmé par le curé Guérin l’année suivante.

Plusieurs modifications sont datables de la 2e moitié du 19e siècle : l’ajout de la sacristie et la fermeture de l’ancien accès au clocher, la transformation de la baie axiale et sans doute la réalisation de la couverture du clocher et de la nef. En effet, la présence d’un toit à croupe sur une église est inhabituelle, la façade occidentale primitive était probablement en pignon. Le cadastre napoléonien de 1822 mentionne déjà une construction accolée au nord de l’édifice : celle-ci a toutefois été prolongée vers l’ouest en 1885, avec la construction du hangar pour le corbillard qui est venu occulter les baies de la façade nord de la nef. La partie haute de deux épais contreforts reste néanmoins visible. Vers 1850-1860, le curé Douet fait entourer l’église de jardins dont le mur de clôture subsiste. On lui doit également une restauration du pavement et du plafond.

Plusieurs campagnes de réparations sont effectuées au cours du 20e siècle : dans les années 1980, on envisage même la reconstitution d’un pignon au-dessus de la façade occidental, mais le projet, jugé trop coûteux, est rapidement abandonné. En 2003, des témoins sont installés sur les murs de l’église pour surveiller l’écartement des murs.

La cloche, du 17e siècle, porte l’inscription : « + IHS MAR j’ai esté faicte pour servir en la paroisse de Saint-Denict du Pin, noble homme messire Jehan Paillé, René d’Ornac étant cindicts en 1629 ». Elle est classée Monument Historique depuis 1942 et a été restaurée au début du 21e siècle.
Datation(s) principale(s) : 11e siècle ; 14e siècle ; 15e siècle (?) ; 2e moitié 19e siècle
Remploi : remploi

Description

Commentaire descriptif : L’église est orientée, c’est-à-dire que le chœur est situé à l’est. Elle présente une simple nef rectangulaire, à laquelle est accolée le clocher. Celui-ci se présente sous la forme d’une haute et étroite tour de quatre étages et couverte d’un toit en bâtière. Les étages étaient éclairés de baies de tailles et formes différentes selon les niveaux, dont la plupart ont été murées. Plus on s’élève dans les étages, plus la largeur des baies est importante. Au premier et au troisième niveau, les baies sont simples, en plein cintre. Au second niveau se trouvent des baies en plein cintre géminées. Au quatrième et dernier niveau subsistent de petites baies en arc brisé, peut-être postérieures aux autres. Une partie des éléments de décor (larmiers, bandeaux d’archivolte des baies, ornés de pointes de diamant pour le troisième niveau) est encore visible. Les restes d’une corniche au sommet de la tour semblent indiquer que le toit n’était peut-être pas à l’origine en bâtière, mais plat, en pavillon ou en flèche. Deux pierres sculptées de figures sont intégrées au mur ouest du clocher, en hauteur : une tête d’animal (canidé ?) et un bas-relief représentant un animal étrange, peut-être un cervidé ou une chèvre, escaladant un terrain pentu et semblant brouter une plante. La maçonnerie du clocher semble avoir été profondément modifiée, la base mêlant pierre de taille, moellons et matériaux de comblement, le sommet étant uniquement en pierre de taille. Ces reprises ainsi que l’obturation des baies correspondent sans doute à une ou plusieurs campagnes de consolidation de la tour.

La nef est couverte d’un toit à longs pans et croupe à l’ouest supporté par une charpente. La façade occidentale est dépouillée. Le portail en arc brisé, mutilé, est encadré des vestiges de trois fines voussures sur colonnettes et d’un bandeau d’archivolte. Il est surmonté d’un oculus à décor de pointes de diamant qui semble se composer d’éléments de remploi, provenant peut-être de la façade primitive. Le mur sud de la nef comporte quant à lui trois petites baies en plein cintre. Deux d’entre elles présentent un décor de faux claveaux. La façade nord, aujourd’hui occultée par des constructions, présente deux contreforts et deux baies condamnées visibles depuis l’intérieur.

Le chœur, séparé de la nef par deux arcs légèrement brisés, est voûté d’ogives. Le réseau des ogives, liernes et formerets prend naissance sur des culots non figurés. La clé de voûte est ornée d’un décor sculpté difficile à identifier : il pourrait s’agir d’une tête dans un récipient accompagnée d’une crosse, évoquant Saint Denis. Le chevet est plat, mais épaulé par d’imposants contreforts asymétriques. Le mur oriental, en pignon contrairement à la façade, est percé d’une baie en plein cintre issue d’un remaniement, pourvue d’un vitrail représentant Saint Denis en évêque. Deux anciennes ouvertures, visiblement en partie remblayées, s’ouvrent à la base des murs nord et est, l’une en arc brisé, l’autre en plein cintre. Une margelle de puits, qui proviendrait du hameau de Puy Chevrier, se situe à proximité.

Au sud, une petite chapelle voûtée d’ogives et à la clé de voûte usée communique avec le chœur. Elle est éclairée par une petite baie en plein cintre. Les boiseries dissimulent l’accès actuel au clocher, la porte primitive de celui-ci, visible dans la nef, étant aujourd’hui murée. La porte est s’ouvre sur la sacristie, construite en appentis contre le mur sud du chœur.

L’élévation de l’édifice présente de nombreuses anomalies témoignant de plusieurs remaniements. Outre les modifications du clocher, de la façade occidentale et du chevet déjà évoquées, on trouve ainsi sur la façade sud des traces de toitures et une empreinte évoquant un ancien conduit de cheminée (?), vestiges de constructions disparues. Les murs de la chapelle présentent des reprises de maçonnerie et des pierres de remploi sont disséminées sur l’édifice, comme sur le clocher ou le chevet, où se trouve une pierre portant les traces d’une ancienne inscription.

Le mobilier de l’église se compose d’un maître-autel en bois peint en faux marbre orné de l’Agneau pascal, d’un second autel dédié à la Vierge placé dans la chapelle, d’un confessionnal, d’une cuve baptismale, d’une chaire et d’un chemin de croix composé de lithographies. Les statues représentent la Vierge, le Sacré Cœur, Jeanne d’Arc, Sainte Thérèse, le Christ en croix et Saint Antoine de Padoue. Cette dernière statue provient, d’après sa signature, d’un atelier rue Matabiau à Toulouse. Trois tableaux, représentant la Nativité, le Baptême de Jésus et la Déposition de croix ornent la nef et dateraient du 18e siècle. Le chœur est quant à lui paré d’un décor plaqué peint en faux marbre, orné de pilastres et d’éléments végétaux, qui sert de support aux noms des morts de la paroisse de la Première guerre mondiale, surmontés des inscriptions « Dieu Patrie Aux enfants de la paroisse morts pour la France ». La baie axiale est également encadrée d’un décor plaqué imitant le marbre, composé de pilastres et d’un fronton où est peint le triangle de la Trinité, le tout surmonté d’une croix. Une carte postale ancienne témoigne de l’emplacement primitif du mobilier : on peut notamment observer que l’autel de la Vierge se situait dans le chœur et que les décors plaqués, avant de devenir monument aux morts, servaient de supports aux statues de la Vierge et de Saint Joseph.
Matériau(x) de gros-œuvre et mise en œuvre : calcaire ; pierre de taille ; moellon
Matériau(x) de couverture : tuile creuse
Parti de plan : plan rectangulaire régulier
Vaisseau(x) et étage(s) : 1 vaisseau
Type et nature du couvrement : voûte d’ogives ; charpente en bois apparente
Type de la couverture : toit à longs pans ; croupe
Technique du décor : sculpture ; vitrail
Représentation : ornement géométrique : pointe de diamant ; ornement animal ; saint : saint Denis
Précision sur la représentation : Oculus et baies du clocher parés de pointes de diamant.
Sommet du clocher orné de sculptures d’animaux.
Clé de voûte et vitrail du chœur ornés de représentations de Saint Denis.
État de conservation : bon état

Intérêt de l’œuvre

Œuvre repérée

En images…

Rue du Stade, Essouvert, France

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