Église Notre-Dame de l’Assomption à Authon-Ebeon

Le sommet du clocher.

Données issues de l’inventaire du patrimoine des Vals de Saintonge

Historique

Commentaire historique : L’église Notre-Dame de l’Assomption d’Authon date du 12e siècle : la structure de l’édifice date de cette période. En effet, nombreux sont les éléments qui accusent le style roman : les ouvertures et la corniche à modillons de la façade occidentale, les fenêtres de la nef et du chœur et la porte nord, bien que transformée, l’arcature et la baie du chevet plat, la partie basse du clocher et sa coupole, ainsi que les piliers de la nef. Plusieurs styles différents sont toutefois perceptibles, notamment entre la sculpture sommaire du portail ouest et la finesse des décors de la porte nord, affiliés à ceux d’Aulnay.

Aux 14e et 15e siècles, pendant les troubles de la guerre de Cent Ans, l’édifice a été recouvert d’une sorte d’exosquelette défensif, fait de contreforts massifs, d’un chemin de ronde, de crénelages et d’une bretèche, lui donnant sa silhouette massive caractéristique. Ces éléments font de l’église d’Authon l’une des plus fortifiées de Saintonge. On ignore toutefois si cet arsenal a servi, mais la porte nord présente les traces d’un incendie. Les voûtes, de style gothique, datent la même période et ont sans doute remplacé une voûte romane en berceau. La chapelle accolée à la nef et au clocher a également été édifiée au 14e ou au 15e siècle. Au-dessus de l’arc d’entrée subsiste la trace d’une fenêtre romane condamnée lors des travaux.

Le clocher a été surélevé d’un étage, probablement à l’époque moderne, vers le 18e siècle. La porte au nord, qui donnait certainement à l’origine sur le cimetière paroissial, a été remplacée par une ouverture plus modeste, mais les voussures romanes sont aujourd’hui à nouveau visibles. De la période moderne date également la litre funéraire peinte à l’intérieur de l’église et qui porte une multitude de blasons différents appartenant aux seigneurs d’Authon. Les deux autels-tombeaux en bois peint en faux marbre pourraient dater du 18e siècle.

Contrairement à celle d’Ebéon, l’église d’Authon semble avoir passé la Révolution sans heurt car, en 1806, elle est dite en bon état. Interrompu, le culte y est rétabli en 1808. Toutefois, l’édifice se dégrade rapidement faute d’entretien et en 1846, le maire et le curé signalent le mauvais état de la voûte, de la toiture, du dallage, des ouvertures et du mobilier. En 1860, le curé indique que le mur sud menace de s’écrouler. Des travaux de restauration sont réalisés vers 1861 et une petite sacristie est accolée au sud du chevet. En 1889, suite à une étude de l’architecte Aimé Bonnet, un contrefort est édifié et des tirants sont posés par l’entrepreneur Pierre Berry, pour contrebuter les murs du chœur qui fléchissent sous la poussée des voûtes. Les vitraux datent de la 2e moitié du 19e siècle, de même que le reste d’un confessionnal de style néoroman.

Le classement Monument Historique de l’église intervient par arrêté du 13 avril 1907 et est suivi d’une restauration complète de l’édifice, pilotée par l’architecte Albert Ballu (annexe 1), secondé par Georges Naud. En 1910, les entrepreneurs Tourneur et Delga procèdent à la reprise générale des maçonneries, au remplacement de la charpente de la nef, à la réfection de la couverture et à la construction d’un beffroi. La sacristie, délabrée et « défigurant » le monument, est démolie. En 1912, l’entrepreneur Joseph Ricoux consolide le clocher et les façades sud et est, puis en 1914 un contrefort du mur nord est repris. D’autres campagnes de réparations sont menées au cours du 20e siècle : restauration du mur oriental vers 1937, remise en état des maçonneries en 1955, refonte de la cloche vers 1960, réparation des couvertures vers 1981.
Datation(s) principale(s) : 12e siècle ; 14e siècle ; 15e siècle ; 18e siècle (?)
Datation(s) secondaire(s) : 2e moitié 19e siècle ; 20e siècle

Description

Commentaire descriptif : L’église d’Authon est orientée, c’est-à-dire que le chœur se situe face à l’est. Le bâtiment comprend une nef et un chœur formant un rectangle simple, lequel est flanqué du clocher, d’une tourelle d’escalier et d’une chapelle au sud.

La façade occidentale romane, comprenant une porte et une fenêtre en plein cintre et une corniche à modillons, a été encadrée de deux puissants contreforts et surmontée d’un chemin de ronde au parapet crénelé. Trois merlons sont percés d’arbalétrières cruciformes. Le portail possède trois voussures supportées par des colonnes à chapiteaux sculptés de feuillages et de quadrupèdes reliés par une même tête. Les abaques, nues, se prolongent en bandeau sur la façade. Les deux voussures intérieures sont ornées de motifs géométriques, la voussure extérieure est moulurée et soulignée d’un bandeau d’archivolte à pointes de diamant. La fenêtre au-dessus possède un arc nu, un bandeau d’archivolte orné de cercles et des colonnettes à chapiteaux simples. Parmi les modillons de la corniche, trois sont sculptés de petits personnages assez érodés, dont peut-être un joueur de harpe et un acrobate.

Le mur nord, épaulé de cinq contreforts de tailles différentes plaqués sur d’autres plus anciens, présente une porte en plein cintre. Ses deux voussures présentent un décor sculpté de feuillages et de fleurs stylisés. Les trois fenêtres de la nef présentent des colonnettes à chapiteaux nus, une voussure moulurée ou à ornements géométriques, un bandeau d’archivolte nu ou à étoiles. Celles-ci ne possèdent pas de décor à l’intérieur. A l’inverse, les deux fenêtres du chœur sont pourvues de linteaux simplement gravés de faux claveaux à l’extérieur, tandis qu’à l’intérieur elles sont ornées d’archivoltes et de colonnettes. Le même type de fenêtres se retrouve sur le mur sud, l’une d’elles a été murée et une autre condamnée par la construction de la chapelle. Les modillons de la corniche sont pour la plupart nus, on trouve toutefois la représentation d’une feuille, d’une fleur et peut-être d’une barrique.

Le chevet plat présente trois arcs en plein cintre à archivolte en pointe de diamant, retombant sur deux hautes colonnes engagées. L’arc central est percé d’une fenêtre flanquée de colonnettes, les deux autres sont aveugles. Les chapiteaux des arcs et de la fenêtre sont soit nus, soit ornés de pétales dont les extrémités repliées forment des coquilles, motif qui se retrouve sur les chapiteaux intérieurs. Comme la façade principale, le mur est surélevé d’un chemin de ronde crénelé, avec une bretèche en surplomb défendant la fenêtre, et percé d’une gargouille au sud.

Le mur sud de l’église est flanqué d’un clocher carré, comprenant un premier niveau percé de deux fenêtres et couvert d’une coupole sur trompes, et de deux étages percés de baies en plein cintre (géminées au premier étage), séparés par une corniche à modillons pour certains sculptés. La toiture, peu pentue, est en pavillon et bordée d’une corniche. On accède aux parties supérieures de l’église par un escalier en colimaçon logé dans une tour carrée couverte en bâtière et percée de petites ouvertures. Entre le clocher et la tour est établie une chapelle en appentis, à voûte et fenêtre en arc brisé, ornée d’une corniche. On peut également voir plusieurs arbalétrières cruciformes sur le mur sud de la nef.

Le vaisseau comprend six travées (quatre pour la nef, deux pour le chœur) voûtées sur croisées d’ogives. Les arcs doubleaux retombent sur des colonnes engagées romanes (ou faisceaux de colonnes à l’entrée du chœur) à chapiteaux nus ou sculptés de pétales et de motifs de coquilles. Ces chapiteaux sont flanqués de culots en forme de pyramide inversée ou sculptés de têtes humaines ou d’animaux (chien, lapin, singe, mouton) sur lesquels s’appuient les ogives. Les clés de voûte sont ornées de feuillages ou de rayons. Dans le chœur, on peut voir le reste d’une ancienne niche, altérée par le percement de la porte qui ouvrait sur la sacristie. Un arc en plein cintre donne accès à la base du clocher, et un arc brisé à la chapelle, d’où une porte chanfreinée permet d’atteindre la tour d’escalier.

Une litre funéraire ornée de nombreux blasons orne le haut des murs. Ça et là apparaissent également les traces d’un décor de faux appareil à joints rouges peint vers le 14e siècle. Les autres décors peints au 19e siècle qui recouvraient l’intégralité des murs ont aujourd’hui disparu. Le mobilier comprend deux autels-tombeaux en bois peint, la façade d’un confessionnal néoroman, une croix en pierre déposée, une cuve baptismale et des statues du 19e siècle. Les vitraux historiés sont à l’effigie de la Vierge. Les fragments d’un gisant de chevalier du début du 16e siècle, peut-être Antoine d’Authon (annexe 2), longtemps exposés dans le jardin public, sont aujourd’hui déposés sous le clocher. Il subsiste toute la partie supérieure du corps et le lévrier qui reposait près des pieds. L’objet est inscrit Monument Historique par arrêté du 24 février 1989. On peut aussi voir, sur le sol de la nef, une ancienne pierre tombale avec une inscription très usée, qui rappelle que des inhumations ont eu lieu dans l’église jusqu’au 18e siècle. Au cours de restaurations, un ossuaire aurait également été mis au jour sous l’autel.
Matériau(x) de gros-œuvre et mise en œuvre : calcaire ; pierre de taille
Matériau(x) de couverture : tuile creuse
Parti de plan : plan rectangulaire régulier
Vaisseau(x) et étage(s) : 1 vaisseau
Type et nature du couvrement : voûte d’ogives ; coupole à trompes
Type de la couverture : toit à longs pans ; toit en pavillon
Technique du décor : sculpture ; vitrail ; peinture
Représentation : ornement géométrique : pointe de diamant, cercle, étoile ; ornement figuré : homme, tête d’homme, tête de femme ; ornement animal : lapin, singe, mouton, chien, coquille Saint-Jacques ; ornement végétal : fleur, feuille ; ornement architectural : litre funéraire ; personnages : Vierge
Précision sur la représentation : Façade occidentale :
Chapiteaux des colonnes du portail sculptés de feuillages et, pour deux d’entre eux, de deux quadrupèdes reliés par une même tête, voussures intérieures ornées de motifs géométriques, bandeau d’archivolte à pointes de diamant. Bandeau d’archivolte de la fenêtre orné de cercles. Modillons de la corniche sculptés de petits personnages.

Murs nord et sud :
Voussures de la porte nord ornées de feuillages et de fleurs stylisés. Fenêtres de la nef à voussures moulurées ou à ornements géométriques, et bandeau d’archivolte nu ou à étoiles. Modillons de la corniche ornés d’une feuille, d’une fleur et peut-être d’une barrique.
A l’intérieur, chapiteaux des colonnes engagées sculptés de pétales et de motifs de coquilles, culots sculptés de têtes humaines ou d’animaux (chien, lapin, singe, mouton), clés de voûte ornées de feuillages ou de rayons. Chapiteaux des fenêtres du chœur traités en pétales et coquilles.
Litre funéraire peinte en haut des murs, ornée de nombreuses armoiries.

Chevet :
Arcs en plein cintre à archivolte en pointe de diamant, chapiteaux ornés de pétales dont les extrémités repliées forment des coquilles. Vitrail représentant la Vierge.
État de conservation : bon état ; restauré

Intérêt de l’œuvre

Date(s) et nature de la protection MH : 1907/04/13 : classé MH
Précisions sur la protection : Église Notre-Dame : classement par arrêté du 13 avril 1907.
Œuvre repérée

En images…

Rue de l'Église, Authon-Ebéon, France

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