Données issues de l’inventaire du patrimoine des Vals de Saintonge.
Historique
Commentaire historique : Chives appartient à cette frange nord-est de l’actuelle Charente-Maritime, qui relevait avant la Révolution du diocèse de Poitiers et non de celui de Saintes. On ignore tout de la fondation de cette église dédiée à saint Julien.
Si la plupart des ouvrages mentionnent une première construction au 13e siècle, l’analyse de l’architecture révèle que l’église est très probablement antérieure : en effet, les deux étroites baies murées visibles dans le mur nord de la nef sont incontestablement plus anciennes et potentiellement du 11e siècle. Il est toutefois difficile d’affirmer, compte tenu des remaniements postérieurs de l’édifice, si le mur nord de la nef date de cette période ou si ces baies ont été utilisées en remploi.
La nef a été largement remaniée à plusieurs reprises, comme l’attestent les reprises de maçonnerie et les ouvertures très différentes. On ignore toutefois les raisons de ces transformations : effondrements, destructions, volonté d’embellir ou d’agrandir l’édifice… Le portail nord, situé sous l’appentis, est attribuable au 13e siècle et n’est plus ni tout à fait roman, ni encore gothique : si l’arc en plein cintre et l’archivolte sont romans, la mouluration et les colonnettes préfigurent le gothique.
Le chœur est postérieur à la nef et date du 14e siècle : il appartient clairement à l’art gothique avec ses grandes baies en arc brisé et les vestiges de ses voûtes sur croisées d’ogives, effondrées à une époque inconnue. La porte percée au rez-de-chaussée côté nord donnait un accès immédiat à l’ancien cimetière, qui entourait les côtés nord et est du chœur.
Un second et important remaniement de la nef a été réalisé au 15e siècle. Le haut pignon de la façade occidentale est datable de cette période, de même que les ouvertures du mur sud, notamment la porte surmontée d’une accolade. La porte ouest, en anse de panier, a été percée à la période moderne, peut-être au 18e siècle (?). Quant à l’appentis, il figure sur le plan napoléonien de 1835 mais n’est sans doute pas antérieur au 18e siècle ou au début du 19e siècle. Les photographies anciennes montrent que l’ouverture a été agrandie au cours du 20e siècle. Les corbeaux visibles au-dessous indiquent qu’un auvent en bois plus petit a dû le précéder.
L’église porte la marque de la famille Ponthieu, seigneurs du Breuil de Chives de 1445 à la Révolution : ils ont apposé leurs armoiries (écartelé d’or et de gueules) sur l’accolade de la porte sud de la nef (15e siècle) et sur la litre funéraire, bandeau noir peint qui court encore sur les murs bien que partiellement effacé. Elle a été peinte au 17e ou au 18e siècle, vraisemblablement à l’occasion des funérailles de l’un des membres de cette famille. Les registres paroissiaux indiquent que seuls les curés, seigneurs et notables ont pu bénéficier d’une inhumation dans le chœur de l’église.
L’édifice a été restauré aux 19e et 20e siècles. En 1806, il est dit qu’il tombe en ruine et qu’il doit être réparé, de même que le presbytère, situé à proximité. La dernière restauration a été réalisée de 1985 à 1990 : les baies du chœur, alors murées, ont été rouvertes et parées de nouveaux vitraux. Un nouveau chemin de croix, copie d’une œuvre de l’artiste allemande sœur Charis Smitt pour la cathédrale de Sokodé (Togo) a été posé.
Il a peut-être existé un autre lieu de culte à Chives : un lieu-dit La Vieille Église avec des vestiges d’anciennes constructions est encore signalé au début du 20e siècle, sans qu’aucun document ne vienne en éclairer davantage l’histoire.
Datation(s) principale(s) : 11e siècle (?) ; 13e siècle ; 14e siècle ; 15e siècle ; 18e siècle (?)
Datation(s) secondaire(s) : 19e siècle ; 4e quart 20e siècle
Description
Commentaire descriptif : L’église est orientée, c’est-à-dire que le chœur se situe face à l’est. Elle comprend un vaisseau unique formé d’une nef étroite et basse et d’un chœur à deux travées nettement plus large et élevé.
La nef, couverte d’une fausse voûte en plâtre et d’un toit à longs pans, est accessible depuis un portail aménagé dans le mur gouttereau nord. Celui-ci, en plein cintre, est encadré de deux colonnettes portant un arc formé d’un boudin de même épaisseur, de moulures et d’une large archivolte ornée de motifs en forme de triangles. De petites traces de polychromie sont visibles.
Au-dessus du portail sont disposés des corbeaux qui supportaient un auvent. L’appentis actuel, plus grand, possède une large ouverture à linteau de bois. Deux petites baies murées, très étroites et en plein cintre, sont visibles sur la partie haute du mur nord : celle située sous l’appentis, moins usée, présente encore un décor de faux claveaux gravés sur l’arc.
Le haut pignon occidental, découvert et à crossettes, est percé d’une porte en anse de panier surmontée d’un écusson nu et d’une petite fenêtre en arc brisé. Il est appuyé, à droite, d’un contrefort plat. Le mur sud de la nef possède une baie en plein cintre, une autre en arc brisé remaniée à fort ébrasement, une porte chanfreinée à accolade ornée d’un écusson écartelé, ainsi qu’un contrefort.
Le chœur, épaulé par six contreforts et paré de corniches, présente un chevet plat et est éclairé sur chaque face par une grande baie en arc brisé. Celles des côtés nord et sud sont murées en partie basse. Une partie des remplages a été conservée : celui de la baie d’axe formait trois lancettes surmontées d’un oculus polylobé, dont la partie disparue a été reconstituée en métal lors de la restitution du vitrail. Le mur nord est percé d’une petite porte en arc segmentaire brisé, accessible par quelques marches, tandis que le mur ouest est surmonté d’un petit campanile percé de deux ouvertures en plein cintre dont une accueille la cloche.
A l’intérieur, on accède au chœur depuis la nef via un arc triomphal en plein cintre. Il ne reste de la voûte d’ogives effondrée du chœur que les arcs formerets retombant sur des culots aux angles et de fines colonnes engagées à chapiteaux prismatiques au milieu des murs gouttereaux. Cette partie de l’édifice est aujourd’hui couverte d’une charpente. Le sol est surélevé par rapport à son niveau primitif, dont la partie droite du chœur témoigne encore : on peut y voir un ancien lavabo aménagé dans une niche en arc brisé et la pierre tombale du curé Jean-Laurent Nivellain (1762-1867). Un autre lavabo également dans une niche en arc brisé plus petite est aménagé dans le mur sud de la nef.
Les murs du chœur portent la trace d’une litre funéraire aux armoiries des Ponthieu, surmontées d’une couronne et encadrées de deux palmes nouées d’un ruban rouge : ce décor ornait également la nef, comme l’indique un vestige visible au revers du portail nord. Une cuve baptismale sculptée d’une croix se situe dans la nef. Des statues représentant la Vierge à l’Enfant et saint Joseph, du 19e ou du 20e siècle, sont disposées dans des niches percées dans le mur séparant la nef du chœur : elles surmontaient sans doute primitivement des autels secondaires dont il reste la trace. Le chemin de croix et les vitraux sont des créations contemporaines : le vitrail du chœur représente saint Julien en évêque, les autres sont abstraits. Une plaque dédiée aux morts des deux guerres est disposée sous l’appentis du portail nord.
Matériau(x) de gros-œuvre et mise en œuvre : pierre de taille ; moellon ; calcaire
Matériau(x) de couverture : tuile creuse
Vaisseau(x) et étage(s) : 1 vaisseau
Type et nature du couvrement : voûte d’ogives ; charpente en bois apparente ; fausse voûte en anse-de-panier
Type de la couverture : toit à longs pans
Technique du décor : sculpture ; peinture ; vitrail
Représentation : ornement géométrique : triangle ; ornement architectural : écu, litre funéraire ; saint : saint Julien
Précision sur la représentation : Archivolte du portail nord ornée de motifs en forme de triangles.
Portes des murs ouest et sud de la nef ornés d’écussons.
Murs de la nef et du chœur ornés d’une litre funéraire.
Vitrail de la baie axiale représentant saint Julien.
État de conservation : bon état ; restauré
Intérêt de l’œuvre
Observations : 00985a ; 00996a ; 00987a ; 00988a ; 00989a.
Notice réalisée en 2001, complétée en 2014.
Œuvre repérée