Église Saint-Vincent de Fontenet

église St-Vincent de Fontenet
L’église Saint-Vincent.

Données issues de l’inventaire du patrimoine des Vals de Saintonge.

Historique

Commentaire historique : Une charte de 990, confirmant des dons faits par Hugues Capet à l’abbaye de Saint-Jean d’Angély, ferait allusion à une chapelle à « Fontaniacus ». En 1079, le duc d’Aquitaine Guillaume VI donne l’église de Fontenet à l’abbaye. Les moines bénédictins font reconstruire l’édifice au 12e siècle et établissent un prieuré attenant. Le cimetière paroissial se trouvait au sud, à l’emplacement du jardin public.

L’église de Fontenet a conservé en grande partie sa structure romane du 12e siècle. Ayant sans doute souffert pendant la guerre de Cent Ans (des traces d’incendie ont été identifiées sur les murs), elle fut restaurée au 15e siècle : de nouvelles voûtes de style gothique furent aménagées dans les trois travées du chœur, tout en conservant les murs romans. Le mur oriental fut également remanié avec peut-être le remplacement d’un chevet en hémicycle par un chevet plat et l’aménagement d’une baie en arc brisé. Des contreforts furent ajoutés pour épauler les murs dont on constate à l’intérieur le fort dévers (peut-être responsable de l’effondrement des voûtes romanes). Le mur nord a été percé d’une porte et d’une baie gothiques au niveau du chœur. Le clocher aurait été remanié à la même période, mais les indices stylistiques manquent pour étayer cette théorie.

Au 18e siècle, une grande porte au style très sobre fut percée dans le mur occidental à l’emplacement d’un portail roman dont on voit encore l’archivolte. Le pignon de la façade a été également remanié. La petite porte en anse de panier qui fut aménagée dans le portail sud, aujourd’hui murée, pourrait dater de la même période.

L’église semble avoir passé la Révolution sans dommage, puisqu’en 1806 elle est dite en très bon état. Fontenet est alors chef-lieu d’une succursale comprenant également la paroisse de Varaize (qui redeviendra une succursale distincte en 1875). Au 19e siècle, l’église fait l’objet de réparations et d’embellissements discrets. En 1846, le curé s’alarme de voir les bâtiments accolés et les dépôts de fumier détériorer le mur nord, et la terre du cimetière, qui s’élevait à plus d’un mètre au-dessus du niveau du sol, humidifier le mur sud. Ce cimetière a été supprimé en 1862. Une partie des dépendances agricoles s’appuyant sur le mur nord disparaît également à cette période. L’autel néogothique daterait des années 1850, de même que la voûte lambrissée de la nef. Les deux cloches ont été bénites en 1888.

A la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, l’abbé Fouché contribue grandement à la décoration intérieure de l’église, notamment en faisant placer des vitraux historiés. Dans sa monographie sur Fontenet, il indique qu’il en a fait faire un représentant saint Louis, convaincu que le roi s’était arrêté à Fontenet lors de son passage en Saintonge. A l’exception de ceux de la baie axiale, qui portent la date 1891, les vitraux sont détruits et l’église ébranlée par les bombardements du camp d’aviation de Fontenet en 1944. Vers 1950, l’église est intégralement restaurée, charpente, couverture, maçonnerie et nouveaux vitraux réalisés par les maîtres verriers Chigot de Limoges. De nouvelles restaurations, dirigées par l’architecte des Bâtiments de France Philippe Borgeot, sont réalisées entre 1988 et 1991. A cette occasion, la tribune qui se trouvait à l’entrée de la nef est démolie. De nouveaux travaux de réparation sont réalisés en 2000 suite à de sérieux dommages causés à la toiture et au plafond par la tempête.

L’église de Fontenet est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 23 février 1925.
Datation(s) principale(s) : 12e siècle ; 15e siècle ; milieu 19e siècle
Datation(s) secondaire(s) : milieu 20e siècle ; 4e quart 20e siècle ; 1er quart 21e siècle

Description

Commentaire descriptif : L’église Saint-Vincent de Fontenet est orientée, c’est-à-dire que le chœur se trouve face à l’est. Elle se compose d’une nef unique, d’un chevet plat et d’une chapelle latérale surmontée du clocher au sud. L’architecture et l’abondante sculpture présentent une parenté évidente avec l’église d’Aulnay et celle voisine de Varaize.

La façade occidentale, sommée d’un pignon triangulaire orné d’une croix et flanquée de contreforts plats, possède une grande porte à encadrement rectangulaire surmontée d’un larmier. Celle-ci a remplacé un portail roman en plein cintre, dont on voit encore l’archivolte ornée d’animaux sculptés (lièvres, oiseaux, quadrupèdes) : celle-ci se prolonge par un cordon aux décors végétaux. Le niveau supérieur est marqué par un bandeau taillé en pointes de diamant et éclairé par une fenêtre romane en plein cintre. Celle-ci possède des colonnettes à chapiteaux sculptés d’un animal fantastique et de végétaux et une archivolte en pointes de diamant. La corniche est supportée par une série de modillons pour certains sculptés : on identifie notamment des têtes d’animaux et ce qui pourrait être une barrique hérissée de pointes, allusion au martyr de saint Vincent, patron des vignerons.

Le mur sud présente cinq fenêtres de même facture que celle de la façade occidentale, séparées par des contreforts plats, dont un a été remplacé par un contrefort plus massif, couvert en bâtière. Les baies sont reliées par un cordon de motifs de feuilles stylisées, formant les abaques des chapiteaux des colonnettes. Ceux-ci sont sculptés de motifs végétaux et figurés : on peut identifier des monstres (notamment deux corps d’oiseaux reliés par une tête humaine, des griffons) et un buste de femme tenant deux disques. Les archivoltes présentent des motifs géométriques différents d’une fenêtre à l’autre, pointes de diamants, cercles, torsade, ruban plissé, billettes. Les modillons de la corniche sont taillés en bec de flûte, à l’exception d’un représentant une tête monstrueuse dévorant un poisson. On peut également observer le vestige d’une porte romane très érodée, dont l’archivolte présente des quadrupèdes, des oiseaux (dont deux colombes buvant dans un calice) et des personnages en armure, probable représentation des Vices et des Vertus. Le mur sud du chœur possède également des modillons ornés, représentant deux béliers, deux chiens, un personnage avec une jambe de bois, des têtes humaines et une tête d’animal.

La chapelle sud supportant le clocher possède un plan carré, se prolongeant à l’est par une absidiole en hémicycle. Les murs sont percés de baies romanes semblables à celles du mur sud de la nef, aux archivoltes en pointes de diamant. Les chapiteaux possèdent des abaques ornées de motifs végétaux se prolongeant sur les murs en bandeaux, et des corbeilles sculptées : on peut notamment voir un petit personnage tenant des disques, des feuillages. La corniche présente des modillons dont certains sont sculptés, d’un personnage jouant de la harpe pour l’un, d’une barrique pour un autre. La chapelle est surmontée du clocher, couvert d’un toit en pavillon en ardoise et percé de baies rectangulaires et en plein cintre. L’absidiole est aujourd’hui incluse dans le jardin du presbytère. Elle est ornée de colonnes-contreforts aux chapiteaux ornés d’oiseaux et d’entrelacs, ainsi que d’une corniche à modillons sculptés notamment d’une tête humaine, d’un tonneau et d’un saltimbanque.

Le mur nord est bordé de propriétés privées. Épaulé de contreforts disposés irrégulièrement, c’est également contre lui que s’appuie la tourelle polygonale abritant l’escalier en colimaçon qui permet d’accéder aux combles et au clocher. La corniche possède quelques modillons sculptés, représentant des motifs géométriques, des tonneaux et des têtes d’animaux. Une porte aujourd’hui murée donnait accès aux bâtiments du prieuré. Elle possède un tympan sculpté de remplages gothiques, un écusson nu surmonté d’un dais, ainsi qu’un larmier. Une fenêtre en arc brisé la surmonte. Depuis l’intérieur, une fenêtre et deux oculi murés sont visibles dans la nef. Le chevet de l’église est plat et percé d’une baie en arc brisé.

Le vaisseau principal possède sept travées. Les quatre premières sont couvertes d’une voûte lambrissée en anse de panier et présentent des colonnes engagées romanes aux chapiteaux nus. Les trois autres sont couvertes de voûtes sur croisées d’ogives dont les retombées pénètrent dans les piliers sans l’intermédiaire de chapiteaux. Certaines s’appuient sur des culots nus ou sculptés représentant des visages dont un grossier, un chien et des pommes de pin. Les clés de voûte sont sculptées de blasons (dont un avec l’inscription IHS et le monogramme de Marie), dont un est présenté par un ange. Un autre blason est visible sur le pilier au-dessus de la chaire : il s’agit certainement des armoiries de prieurs de Fontenet. La porte en hauteur dans le mur nord près du chœur devait donner accès à la chaire primitive. Des colombes buvant dans un calice et deux dragons sont représentés sur les chapiteaux au revers de la baie romane du chœur. La chapelle sud, accessible par un grand arc brisé, est voûtée en berceau brisé et l’absidiole est en cul-de-four. Deux niches surmontées d’accolades sont visibles, l’une dans le chœur, l’autre près de la porte principale.

Le mobilier se compose notamment d’un autel en bois de style néogothique, d’une chaire, d’un confessionnal, d’un chemin de croix, de plusieurs statues et d’une plaque de marbre en hommage aux morts de la paroisse de la Première guerre mondiale. Les photographies anciennes montrent le mobilier abondant que l’on trouvait au début du 20e siècle. Les vitraux de la baie axiale, les seuls ayant survécu aux bombardements, représentent saint Vincent et saint Pierre et, au-dessus, les armoiries du pape Léon XIII. Ils portent les noms de leurs donateurs (dont M. Brisset, maire). Les peintures ornementales du chœur réalisées au 19e siècle ont aujourd’hui disparu.
Matériau(x) de gros-œuvre et mise en œuvre : calcaire ; pierre de taille
Matériau(x) de couverture : tuile creuse ; ardoise
Parti de plan : plan régulier
Vaisseau(x) et étage(s) : 1 vaisseau
Type et nature du couvrement : voûte d’ogives ; lambris de couvrement
Type de la couverture : toit à longs pans ; toit en pavillon
Technique du décor : sculpture ; vitrail
Représentation : ornement géométrique : pointe de diamant, entrelacs, cercle ; ornement architectural : armoiries, tonneau, ornement figuré : musicien, tête d’homme, tête de femme ; ornement végétal : pomme de pin ; ornement animal : oiseau, colombe, dragon, griffon, chien, bélier ; personnages : ange, saint Vincent, saint Pierre, vertu
Précision sur la représentation : Façade occidentale :
Vestiges du portail principal ornés d’animaux sculptés (lièvres, oiseaux, quadrupèdes) et d’un cordon de décors végétaux. Bandeau taillé en pointes de diamant, fenêtre à chapiteaux sculptés d’un animal fantastique et de végétaux à archivolte en pointes de diamant. Modillons sculptés de têtes d’animaux et ce qui pourrait être une barrique hérissée de pointes.

Façade sud :
Baies reliées par un cordon de motifs de feuilles stylisées, chapiteaux sculptés de motifs végétaux et figurés (oiseaux se partageant une tête humaine, griffons, tête de femme), archivoltes à motifs géométriques (pointes de diamants, cercles, torsade, ruban plissé, billettes). Modillons représentant une tête monstrueuse dévorant un poisson, deux béliers, deux chiens, un personnage avec une jambe de bois, des têtes humaines et une tête d’animal . Archivolte de la porte murée présentant des quadrupèdes, des oiseaux (dont deux colombes buvant dans un calice) et des personnages en armure, probable représentation des Vices et des Vertus.

Chapelle sud :
Fenêtres à archivoltes en pointes de diamant, chapiteaux sculptés de motifs végétaux et d’un petit personnage tenant des disques. Modillons ornés d’un personnage jouant de la harpe, d’une tête humaine, de tonneaux et d’un saltimbanque . Colonnes-contreforts aux chapiteaux ornés d’oiseaux et d’entrelacs.

Façade nord :
Porte ornée d’un écusson. Modillons représentant des tonneaux, des têtes d’animaux et des motifs géométriques.

Intérieur :
Armoiries sculptées sur un pilier du mur nord et sur les clés de voûte (un des blasons est porté par un ange). Culots représentant des visages dont un grossier, un chien et des pommes de pin. Chapiteaux d’une fenêtre sculptés de colombes buvant dans un calice et de deux dragons. Vitraux représentent saint Vincent et saint Pierre.
État de conservation : bon état ; restauré

Intérêt de l’œuvre

Date(s) et nature de la protection MH : 1925/02/23 : inscrit MH
Précisions sur la protection : Église : inscription par arrêté du 23 février 1925.
Œuvre repérée

En images…

Place de l'Église, Fontenet, France

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