Église Saint-Pierre d’Aulnay

église St-Pierre d'Aulnay
Le portail sud de l’église.

Données issues de l’inventaire du patrimoine des Vals de Saintonge.

Historique

Commentaire historique : L’église d’Aulnay est située sur l’ancienne voie gallo-romaine, à proximité d’un temple antique. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle depuis 1998, et elle a également été l’une des premières églises à être classée Monument Historique (depuis 1840).

L’édifice s’élève sur un ancien lieu de culte gallo-romain, dont les vestiges sont visibles à proximité. Ce sanctuaire, qui prenait la forme d’une tour, a donné à l’église son vocable Saint-Pierre-de-la-Tour. Une première église, relevant du diocèse de Poitiers, est mentionnée au 11e siècle et dépendait en 1030 de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, avant d’être cédée vers 1045 à l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. Elle est citée dans une charte du règne de Henri Ier (1031-1060), sous le vocable de Saint-Pierre-de-la-Tour. Vers 1122, l’église passe aux mains du chapitre de la cathédrale de Poitiers qui en gardera la possession jusqu’à la Révolution.

L’édifice actuel, qui présente un abondant décor sculpté, a été construit au cours du 2e quart du 12e siècle (vers 1130-1150) par les chanoines de Poitiers. Selon l’hypothèse la plus récente, trois ateliers de construction auraient travaillé sur le chantier, chacun avec son propre style. Un premier aurait réalisé le chevet et une partie du transept (portail et croisée) : ces parties arborent un style homogène qui présente une inspiration à la fois poitevine (Melle…) et saintongeaise (Saint-Eutrope de Saintes). Une seconde équipe aurait travaillé sur la façade sud du transept et la nef et une troisième sur la façade ouest.

L’église est placée sur l’une des principales voies conduisant à Saint-Jacques de Compostelle (la via Turonensis) et constituait une étape sur le chemin des pèlerins, à mi-chemin entre Poitiers et Saintes. L’édifice n’a été que peu touché par les aléas de l’histoire, ce qui explique son remarquable état de conservation et son homogénéité. Elle a toutefois subi quelques remaniements suite à certains désordres dans la maçonnerie.

Le clocher a ainsi été modifié à deux reprises. Au 14e siècle, un troisième étage surmonté d’une flèche en pierre a été ajouté. Cette dernière, trop lourde pour l’édifice et menaçant de s’effondrer, sera démontée au cours d’une importante restauration lancée par l’évêque de Poitiers dans le 3e quart du 18e siècle et remplacée par une autre coiffée d’ardoise.

La façade occidentale a quant à elle été modifiée au cours du 15e siècle, avec l’ajout de contreforts de chaque côté et de part et d’autre du portail pour la renforcer et sans doute le percement des deux petites baies de l’étage. Deux chapelles seigneuriales sont édifiées à la même époque aux abords du portail. L’une d’elle, qui accueillait les fonts baptismaux, subsistera jusqu’au 19e siècle.

Pendant les guerres de Religion, les protestants détruisent quelques têtes du décor sculpté du portail ouest. Celui-ci est ensuite condamné pour renforcer l’édifice et ne sera rétabli que pendant les travaux du 3e quart du 18e siècle. Dans la baie centrale située au niveau de l’étage de cette façade, il manque aujourd’hui une statue équestre représentant probablement l’empereur Constantin, telle qu’on peut fréquemment la voir sur les églises romanes poitevines. Celle-ci fut supprimée à la Révolution mais un fragment du cou du cheval est visible à l’intérieur dans le collatéral nord de l’église..

L’église figure dès 1840 sur la première liste des monuments historiques à protéger. Par la suite, de nombreux travaux et restaurations ont été effectués. Ainsi Paul Abadie conduit, de 1854 à 1857, la remise en état du parement de la façade ouest, du mur nord de la nef et du chevet. Il fait enlever la chapelle abritant les fonts baptismaux située devant la partie droite de la façade occidentale. La présence de ce bâti a néanmoins permis la conservation de la polychromie à cet endroit et on distingue encore ces traces aujourd’hui.

Une nouvelle campagne de restauration en 1910 concerne le clocher et la façade occidentale. L’édifice est mis hors d’eau et le bras sud du transept est restauré lors de travaux réalisés de 1968 à 1975. La façade sud est ensuite nettoyée en 1989.

Au cours de l’année 2005, une nouvelle campagne de restauration de l’église a été entreprise. Ainsi, la consolidation du joug des cloches, la réparation de la pointe du clocher, la pose d’un paratonnerre, la restauration de la toiture et enfin la mise aux normes du système électrique de l’intérieur ont été réalisées.

Les sculptures de l’église d’Aulnay montrent de nombreux aspects de filiation directe avec l’Abbaye-aux-Dames et Saint-Eutrope à Saintes. Le style et les représentations d’Aulnay ont eu une large influence et se retrouvent dans de nombreuses églises des environs : Fenioux, Nuaillé sur Boutonne, Salles lès Aulnay, Varaize, Saint-Mandé sur Brédoire, Contré… Parmi les décors sculptés de ces églises, certains sont parfois attribués aux mêmes mains. Mais les thèmes traités sur la façade ouest ainsi que le style ont également rayonné sur une zone plus large et influencé nombre d’édifices entre Loire et Gironde.
Datation(s) principale(s) : 2e quart 12e siècle ; 14e siècle ; 15e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 3e quart 18e siècle ; milieu 19e siècle ; 20e siècle ; 1er quart 21e siècle

Description

Commentaire descriptif : L’édifice est orienté, c’est-à-dire que le chœur se situe à l’est. Il comprend une nef à trois vaisseaux et cinq travées, un transept pourvu de deux chapelles orientées semi-circulaires et un chœur se terminant par une abside. Le clocher carré est posé sur la croisée du transept.

La façade occidentale de l’église, encadrée par deux lanternons et renforcée de quatre contreforts, est percée d’un portail central en plein cintre à quatre voussures. Le décor sculpté de celui-ci aborde les thématiques des saisons et du zodiaque, des vierges sages et des vierges folles, des vices et des vertus. Il est encadré de deux arcades aveugles à trois rouleaux chacune, celle de gauche figurant la crucifixion de saint Pierre et celle de droite saint Pierre et saint Paul de part et d’autre du Christ. Chaque voussure repose sur des colonnes à chapiteaux sculptés (deux ont disparu derrière les contreforts de la façade). Au-dessus du portail central se situe une corniche à modillons et une baie aveugle à arc légèrement brisé encadrée de deux plus petites également en arc brisé : toutes trois sont pourvues d’un bandeau d’archivolte. Les lanternons sont percés de trois baies recoupées par des colonnettes centrales et sont coiffés d’un toit conique à écailles en dents de scie. Le pignon est surmonté d’une croix.

Sur les élévations nord et sud de la nef, les cinq travées sont délimitées par des contreforts formés de faisceaux de trois colonnes à chapiteaux, supportant de grands arcs en plein cintre. La corniche est soutenue par des modillons en bec de flûte. Chaque travée est percée d’une baie en plein cintre dont l’unique voussure est supportée par deux colonnettes aux chapiteaux décorés de feuillage.

La façade du bras sud du transept est encadrée de chaque côté par des faisceaux de sept colonnes à chapiteaux. Ceux-ci supportent un grand arc légèrement brisé qui forme le pignon. Le rez-de-chaussée est percé d’un portail en plein cintre à quatre voussures qui s’appuient (à l’exception de la voussure intérieure) sur des chapiteaux sculptés et des colonnes dont certaines torsadées ou striées. Ce portail est riche de près d’une centaine de personnages, animaux ou monstres sculptés. On y trouve notamment les apôtres, les prophètes de l’Ancien testament, les vieillards de l’Apocalypse et un important bestiaire. L’étage, séparé du rez-de-chaussée par une corniche à modillons, est percé d’une baie en arc brisé encadrée de deux arcades aveugles. Les arcs de chaque baie sont soutenus par des colonnettes à chapiteaux sculptés. La baie centrale est ajourée d’un oculus au remplage en forme de croix.

Le bras nord du transept nord est doté d’une corniche à modillons en forme de bec de flûte. Sa façade en pignon surmontée d’une croix est flanquée à chaque extrémité de colonnes à chapiteaux sculptés. Cette façade est percée d’une baie en plein cintre encadrée de colonnettes à chapiteaux.

L’absidiole accolée au bras sud du transept et coiffée d’un toit en pierre, est flanquée de trois colonnes engagées à chapiteaux sculptés. La partie médiane est percée d’une petite fenêtre romane. La corniche est soutenue par des petits arcs reposant sur des modillons sculptés. L’intrados de certains arcs est également décoré. L’absidiole du bras nord du transept est identique à celle du sud.

La travée du chœur est séparée de l’abside, au nord et au sud, par un contrefort formé de plusieurs colonnes dont une est dotée d’un chapiteau sculpté. L’abside, semi-circulaire, est couverte d’un toit en pierres appareillées et épaulées de colonnes-contreforts. Les corniches sont supportées par des modillons sculptés. Les cinq fenêtres du chœur et de l’abside, en plein cintre, sont toutes surmontées d’une première voussure sur de petites colonnettes à chapiteaux sculptés, puis d’un deuxième arc retombant sur des colonnettes se prolongeant jusqu’au sol, également à chapiteaux sculptés. La fenêtre centrale possède un décor plus élaboré, avec de part et d’autre quatre personnages s’agrippant à des rinceaux.

Le clocher de l’église, à trois niveaux, est coiffé d’une flèche octogonale couverte d’ardoise. Le premier niveau est doté de baies aveugles en arc légèrement brisé. Le second niveau est percé d’étroites ouvertures en plein cintre séparées par des colonnettes à chapiteaux sculptés. Le troisième niveau est percé sur chaque face d’une fenêtre en arc brisé flanquée de baies aveugles également en arc brisé et surmonté de gargouilles. L’angle sud-est de ce clocher est pourvu d’une tourelle d’escalier octogonale surmontée d’une flèche en pierre.

A l’intérieur, la nef à trois vaisseaux est scandée de puissants piliers cruciformes formés de colonnes à chapiteaux sculptés, supportant les arcades donnant sur les bas côté et les doubleaux de la voûte en arc brisé. Les chapiteaux présentent des décors variés, végétaux, motifs géométriques, grands masques ou animaux affrontés, notamment les célèbres éléphants. La croisée du transept est couverte d’une coupole sur pendentifs portée par des piliers composés de faisceaux de colonnes à chapiteaux sculptés : ceux-ci représentent notamment des scènes de l’Ancien Testament (Adam et Eve, Abel et Caïn…) accompagnées d’inscriptions. L’abside et les chapelles orientées du transept sont voûtées en cul-de-four et sont également pourvues de chapiteaux sculptés, l’un d’eux représente saint Georges et le dragon. Le chœur, très sobre, a perdu ses peintures murales d’origine. Il faut également remarquer un support de bénitier qui daterait du 12e siècle et la statue de Saint Pierre en habits pontificaux du 15e siècle.
Matériau(x) de gros-œuvre et mise en œuvre : calcaire ; pierre de taille
Matériau(x) de couverture : tuile creuse ; ardoise ; calcaire en couverture
Parti de plan : plan en croix latine
Type de la couverture : toit à longs pans ; toit conique
Technique du décor : sculpture ; ferronnerie ; vitrail
Représentation : personnage biblique : Christ, saint Pierre, saint Paul, saint Georges, Apôtre, Prophète, ange, Adam, Eve, vertu ; scène chrétienne : Pèsement des âmes ; symbole du zodiaque : Vierges sages et Vierges folles ; ornement animal : oiseau, éléphant, agneau, animal fantastique, griffon, centaure, dragon, chimère ; ornement figuré : homme, femme, tête humaine, musicien, humain fabuleux, atlante, sirène ; ornement végétal : rinceau, feuille, palmette, fleur ; ornement architectural : instrument de musique, tonneau ; ornement géométrique : pointe de diamant, dent de scie, entrelacs, croix
Précision sur la représentation : Façade ouest.
Portail ouest à quatre voussures sculptées, la voussure extérieure présentant des personnages occupés aux travaux des champs et les signes du zodiaque, la troisième voussure l’histoire des vierges sages et les vierges folles, la seconde voussure la bataille des vices et des vertus, et la voussure intérieure six anges adorant l’agneau pascal. Chapiteaux des colonnes du portail présentant des feuilles stylisées ou non et différents animaux fantastiques ou non. Portail surmonté d’une corniche à modillons figurant des motifs végétaux, des masques grotesques, des monstres et un visage de femme.
Tympan de la baie aveugle de gauche représentant la crucifixion de saint Pierre, la tête en bas, avec deux bourreaux, encadré d’un bandeau d’archivolte et de voussures à décors végétaux et de quelques animaux. Chapiteaux sculptés d’animaux et de monstres dont une figure grimaçante.
Tympan de la baie aveugle de droite représentant le Christ et probablement saint Pierre et saint Paul assis, encadré d’un bandeau d’archivolte et de voussures à décors végétaux et de monstres. Chapiteaux sculptés représentant des monstres et des personnages dont un ange.

Façade du bras sud du transept.
Portail à quatre voussures sculptées, la voussure intérieure présentant six animaux fabuleux (griffons et centaures) et des entrelacs, la seconde voussure vingt-quatre personnages correspondant probablement aux douze apôtre et aux douze grands prophètes d’Israël, la troisième voussure les vieillards de l’Apocalypse, et la quatrième un riche bestiaire roman, avec notamment un âne musicien avec une lyre parmi d’autres animaux. Trois des quatre intrados des voussures sont sculptés de petits personnages.
Au-dessus du portail, corniche à modillons sculptés de différents animaux, de têtes humaines et de personnages dont un couple s’étreignant et un chevalier.
Chapiteaux et voussures des arcades de l’étage ornées de motifs végétaux et de monstres. Seconde voussure de l’arc central sculptée d’un combat des vices et des vertus.

Façade du bras nord du transept.
Façade ornée d’une croix et de colonnes à chapiteaux sculptés de feuillages et d’animaux.

Chevet.
Fenêtres du chœur et de l’abside principale ornées de voussures à décors géométriques (pointes de diamant), de fleurs et de moulures. Chapiteaux sculptés de monstres et de personnages ainsi que d’une scène de pesée des âmes. Fenêtre axiale flanquée de personnages s’agrippant à des rinceaux et pourvue de chapiteaux sculptés représentant Samson et le lion et des combats d’animaux. Modillons de la corniche représentant des entrelacs, divers objets, animaux et personnages, parmi lesquels un acrobate, un couple d’oiseaux buvant dans une coupe, un guerrier en cotte de maille avec épée et bouclier, un tonneau, deux sonneurs d’olifant.
Mur nord du chœur orné d’une corniche dotée de fleurs, de têtes d’animaux et autre ornements.
Absidioles pourvues de chapiteaux de colonnes sculptés de feuillages, de pétales de fleurs, de monstres tels une chimère au milieu de rinceaux ou un basilic. Corniches à modillons sculptés entre autres de monstres dévorant des personnages, d’animaux, d’acrobates, d’un sonneur d’olifant, de figures grimaçantes, d’une tête d’homme à la barbe fleurie et d’un animal à tête humaine.

Intérieur.
Chapiteaux de la nef ornés de motifs végétaux (palmettes, feuilles d’acanthe…), géométriques (demi-besants, triangles, dents-de-scie…), d’animaux affrontés (dragons, oiseaux, éléphants…), d’oiseaux embarqués, d’acrobates et de grands masques.
Chapiteaux de la croisée du transept sculptés des symboles des évangélistes, de monstres (griffon…), de scènes de l’Ancien Testament (Adam et Eve, le meurtre d’Abel par Caïn, Samson et Dalila).
Chapiteau sculpté dans l’absidiole nord représentant Saint Georges et le dragon.
Inscription(s) portée(s) sur l’édifice : Inscriptions accompagnant les signes du zodiaque (par exemple, « ARIES » pour bélier) sur le portail occidental.
Inscriptions accompagnant la bataille des vices et des vertus (par exemple, « IRA PACIENCA » pour la colère et la patience) sur le portail occidental.
Inscriptions accompagnant les scènes religieuses des chapiteaux de la croisée du transept (par exemple, « Samsonem vincit coma vncs crine mo » pour « [Dalila] attache Samson avec ses cheveux, lié par sa chevelure il s’épuise ».
Inscription « Hi sunt elephantes » (« Ici ce sont des éléphants ») sur le chapiteau représentant des éléphants affrontés.
État de conservation : bon état ; restauré

Intérêt de l’œuvre

Date(s) et nature de la protection MH : 1840 : classé MH
Précisions sur la protection : Église classée Monument Historique depuis 1840. Église inscrite au patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1998.
Œuvre repérée

En images…

Avenue de l'Église, Aulnay, France

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