La commune de Fontenet est située au sud des Vals de Saintonge, non loin de Saint-Jean d’Angély. Le village de 392 habitants se trouve sur la rive gauche de la Nie, l’un des principaux affluents de la Boutonne. Les communes limitrophes sont Saint-Julien de l’Escap au nord, Varaize à l’est, Asnières la Giraud à l’ouest, et Sainte-Même au sud.
La voie gallo-romaine d’Ébéon traversait le territoire de Fontenet, mais les lieux, à l’époque des Romains, n’étaient pas habités. C’est dans une charte signée par Hugues Capet peu avant 990 que le nom de Fontenet apparaît pour la première fois. Du Moyen Âge jusqu’à la Révolution, le bourg de Fontenet se développe autour d’un riche prieuré dépendant de l’abbaye bénédictine de Saint-Jean-d’Angély. La vie y est paisible, hormis en temps de guerre. En 1373, pendant la Guerre de Cent ans, la Saintonge est ravagée par les troupes anglaises. Installées dans l’église Saint-Vincent, elles l’endommagent au point qu’il faut reconstruire le chœur.
Il ne reste de son histoire que très peu de vestiges, le principal étant l’église Saint-Vincent, en partie romane et en partie gothique, inscrite aux monuments historiques depuis 1925.
Le profil singulier de cette commune, est en grande partie façonné au XIXe siècle, lorsque la viticulture était prospère. De cette époque témoignent d’imposantes demeures entourées de dépendances, souvent cachées par de hauts murs de clôture et d’élégants portails. Si la route du Camp, qui scinde le bourg en deux depuis 1939, en a quelque peu altéré l’organisation, la plupart des rues, étroites et tortueuses, conservent l’esprit originel de l’organisation du village.
L’installation du camp militaire de l’armée de l’Air à Fontenet, en 1936-1937, est l’œuvre du général Jean-Henri Jauneaud, chef de cabinet du ministre de l’Air Pierre Cot, et de l’architecte André Guillon, originaire de Saint-Jean-d’Angély. La base aérienne 129 accueille une école d’aviation militaire et une école de radio-navigants. À la veille de la déclaration de guerre, 400 personnes vivent là, 3 000 militaires en mars 1940, dont 1 200 à l’instruction. Or, la débâcle survient…
Le 18 juin, le capitaine Georges Goumin, commandant du groupe d’instruction à l’école de radio-navigants, entend l’appel du général de Gaulle. Le 19 juin, deux de ses sous-officiers s’emparent d’un bombardier Farman. Le 20 juin à 5h15, le capitaine Goumin et dix-huit de ses sous-officiers, décollent de Fontenet et rallient l’Angleterre à son bord. Ils seront les premiers aviateurs français à rejoindre le général de Gaulle. Six d’entre eux deviendront les premiers compagnons de la Libération.
Le 21 juin, le camp est évacué par les troupes françaises. Quatre jours plus tard, les Allemands s’installent pour quatre ans. La Luftwaffe complète les travaux des Français, bitume la route du camp, allonge les pistes et crée, à l’été 42, le groupe de chasse Est, qui forme des pilotes pour le front russe.
Le 31 décembre 1943, un premier bombardement allié fait dix morts au village de La Combe. Un second bombardement, le 27 mars 1944, endommage l’église. Le hameau de la Crochette, entre les communes de Fontenet et Varaize, est entièrement détruit. Ses habitants, heureusement, l’ont déjà déserté.
Finalement, le 19 août 1944, les Allemands entament la destruction de leurs installations et s’enfuient avant la fin du mois. Il faut attendre l’automne 1951, la Guerre froide et la signature du Traité de l’Atlantique Nord créant l’OTAN pour voir arriver les Américains…
L’arrivée de ces Américains aux tenues impeccables, avec leurs grosses voitures et leur rock’n roll, provoque un choc culturel et change la vie locale.
Dans le camp, renommé « Fontenet Ordnance Depot », plus d’avions, mais des constructions renouvelées (gymnase, salle des fêtes, magasin PX, chapelle, terrains de football et de base-ball…). Il devient un important dépôt. Les pièces détachées débarquées à La Rochelle, sont acheminées à Fontenet où l’on assemble des véhicules et des chars expédiés ensuite vers les bases américaines de toute l’Europe occidentale.
Fontenet assure aussi l’approvisionnement des bases installées en France et, en 1959, accueille le 83e bataillon du Génie. 1500 militaires, essentiellement américains, vivent dans le camp, qui fournit aussi du travail à 1500 civils. Pour Fontenet et les alentours, c’est l’époque dorée.
Des groupes musicaux viennent régulièrement divertir les personnels du camp. En avril 1962, à l’EM club (club pour les hommes du rang), se produit un jeune batteur : Ringo Starr. Celui qui allait devenir le mythique batteur des Beatles joue alors avec Rory Storm and the hurricanes.
Une voie ferrée, dite « voie américaine », est aménagée entre la gare de Saint-Jean-d’Angély et le camp. Fontenet compte alors deux épiceries, une boucherie, un coiffeur, une pension de famille, deux cantines servant 400 repas et pas moins de sept débits de boissons.
En 1961, une partie des Américains quitte Fontenet pour Châtellerault. Deux ans plus tard, le camp ferme, avant même la décision du général de Gaulle, en 1966, de quitter les organes militaires de l’OTAN. Le 23 mars 1968, le camp est remis officiellement aux autorités militaires françaises puis il tombe en désuétude.
Cédé par l’État en 1990 au conseil général de la Charente-Maritime et à la communauté de communes de Saint-Jean-d’Angély, le camp militaire de Fontenet se transforme, les bâtiments sont détruits.
Aujourd’hui, il accueille différentes entreprises (centre de compostage de la Saur, coopérative agricole Terre Atlantique, sociétés Liot, RFN Recyclage et Caillon) et des parcs photovoltaïques.
Après Fontenet I en 2014, le parc Fontenet II est inauguré le 7 mai 2022. La création d’un troisième parc, Fontenet III, doit débuter en 2023. À eux trois, ces parcs solaires permettront la production d’environ 81 000 MWh, soit la consommation électrique annuelle de plus de 38 000 personnes.
Ces projets s’inscrivent dans le cadre des objectifs européens et nationaux de développement des énergies renouvelables et prouvent l’engagement de Vals de Saintonge Communauté dans la transition énergétique.
