Logis de Garnaud à Poursay-Garnaud

Logis de Garnaud
L’aile droite et le pigeonnier.

Données issues de l’inventaire du patrimoine des Vals de Saintonge.

Historique

Commentaire historique : Dans sa monographie communale de 1904, l’abbé Fouché écrit que la seigneurie de Garnaud était primitivement appelée la Métairie de Garnaud ou domaine de la Pierrière. L’origine de cette information n’a cependant pas été retrouvée. L’appellation « Grande Métairie » est visible sur le plan cadastral napoléonien de 1825 et correspond à une propriété située au sud du hameau et aujourd’hui disparue. Une « Petite Métairie » est quant à elle citée dans une délibération du conseil municipal de 1850. Si le terme « Métairie » aurait primitivement désigné le domaine, il a de toute évidence évolué pour désigner les dépendances du logis de Garnaud. Le moulin à eau voisin en faisait également partie.

Toujours d’après l’abbé Fouché, le domaine de la Pierrière était propriété au 16e siècle d’Étienne Sarreau, maire de Saint-Jean d’Angély. Il trouve sans doute son origine dans un démembrement des possession de l’abbaye de Saint-Jean d’Angély. Le logis daterait pour partie de cette période : le pigeonnier (sans doute remanié par la suite) porte la date 1575, et une plaque de cheminée est datée de 1592. De plus, des linteaux en accolade, à l’évidence remployés, sont visibles sur les dépendances.

Au début du 17e siècle, Josué d’Abillon, seigneur de Beaufief, réside à Garnaud, qu’il vend en 1627 à Jacques de Beaumont. Dix ans plus tard, le domaine passe à la famille Charrier. D’après les propriétaires, un plan du 17e siècle mentionnerait le logis : le corps principal, pour partie datable de cette période, ne comportait que la partie à gauche de la chaîne harpée, soit les trois travées avec la porte au centre. Le pigeonnier-porche était isolé et formait peut-être l’entrée principale. La partie droite du corps d’habitation et les dépendances actuelles ont été élevées au cours du 18e siècle. L’agencement des toitures et les décors de bossages créant deux pavillons latéraux, mais en réalité sans décrochement de façade, datent sans doute de cette période. Sur le cadastre de 1825, les bâtiments apparaissent tels qu’ils sont aujourd’hui.

A la fin du 18e siècle, le logis est la propriété de Marie Charrier et de son époux Jacques Alexandre du Bois de Saint-Mandé, ancien capitaine des dragons. Des actes passés par M. de Saint-Mandé avec des meuniers et des laboureurs pour l’exploitation du moulin et de la métairie ont été conservés. On y apprend que la métairie comprenait une grange, des étables et le logement du métayer.

A la Révolution, alors que M. de Saint-Mandé émigre et que ses autres domaines sont saisis comme biens nationaux, son épouse Marie Charrier, arguant qu’elle n’est pas noble (elle est pourtant descendante des barons d’Authon), conserve le logis de Garnaud. Par ce subterfuge, la propriété reste aux de Saint-Mandé jusqu’au milieu du 19e siècle, puis elle passe par mariage aux de Villeneuve de Vittré qui la conservent jusqu’à l’entre-deux guerres. Un registre indique que Mme de Vittré fit aménager une chapelle privée en 1857, dont le service fut interrompu en 1883. De cette chapelle, située à gauche du pigeonnier, subsistent une partie des boiseries ornées de pilastres corinthiens, d’une frise de rinceaux et d’une corniche à modillons. La baie en arc brisé a été percée à cette époque. Le portail de la propriété date sans doute également de la 2e moitié du 19e siècle.

Le docteur Texier indique en 1966 : « il fallait voir Garnaud avant 1920 lorsqu’il était habité par le colonel marquis de Vittré. Dans le vestibule, avec son grand escalier à balustres de bois, on voyait de vieux bahuts Louis XIII. Dans la salle à manger, pavée de grands carreaux noirs et blancs, les murs étaient tendus de toiles peintes représentant des marines et signées Édouard Reinaud Montpellier 1723 […]. Dans le salon, de très jolis fauteuils Louis XVI et aux murs des pastels, des portraits des de Saint-Mandé au 18e siècle […] Un grand portrait de Henri IV, don fait par le roi à sa famille. Dans une vitrine, les pantoufles que Louis XVI portait au temple ». Une grande partie du décor d’origine, comme les boiseries et les cheminées du logis et le mobilier de la chapelle, a malheureusement été supprimé par un propriétaire au cours du 20e siècle. Les toiles marouflées représentant des scènes de navigation, très altérées, ont été déposées dans l’attente d’une future restauration.

Au début des années 1940, M. Désiré, propriétaire du moulin voisin et tenancier d’une guinguette, installe dans une partie des dépendances du logis une salle de bals et de spectacles. C’est également le fondateur de la société des fêtes de Poursay Garnaud. Cette salle des fêtes, dont il subsiste la trace de l’enseigne, fonctionne jusqu’aux années 1960.

Le logis est aujourd’hui labellisé par la Fondation du Patrimoine. Depuis une dizaine d’années, ses propriétaires s’emploient à sa restauration. Quelques ouvertures des dépendances ont été remaniées dans la 2e moitié du 20e siècle, de même que le petit lavoir.
Datation(s) principale(s) : 4e quart 16e siècle ; 17e siècle ; 18e siècle ; 2e moitié 19e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 2e moitié 20e siècle ; 1er quart 21e siècle
Date(s) : 1575
Justification de la datation : porte la date

Description

Commentaire descriptif : Les bâtiments du logis sont disposés sur trois côtés d’une cour accessible depuis la rue par un imposant portail à piliers surmontés de grandes aiguières sculptées.

Au fond de la cour, l’habitation noble, orientée au sud-est et couverte d’ardoise, présente un corps à trois travées et une lucarne au centre du comble. Ce corps est flanqué de deux pavillons non saillants, à une travée et une lucarne chacun, cantonnés de pilastres à bossages. Le tout est orné d’une corniche et d’encadrements de baies harpés. Les fenêtres sont pourvues d’appuis moulurés et les portes de corniches. Les toitures des pavillons, à longs pans et à croupes, sont surmontées d’épis de faîtage et de hautes cheminées.
La façade arrière, qui possède la même organisation, et les mêmes décors, donne sur une terrasse longée par la Boutonne.

Les deux corps latéraux correspondent aux dépendances et aux logements des domestiques. Ils sont couverts de toits à longs pans et à croupes, primitivement surmontés d’épis de faîtage en terre cuite vernissée, dont un seul subsiste, aujourd’hui déposé.

Le corps de gauche abrite l’ancienne cuisine, d’anciens logements et un chai. Les espaces sont accessibles par plusieurs portes en anse de panier. La cuisine conserve sa cheminée d’origine, un grand potager et un évier en pierre. La buanderie qui y est adossée conserve deux ponnes et un linteau de porte en accolade. Elle donne accès à un petit lavoir remanié. Au niveau du comble à surcroît se trouvaient les chambres du personnel. Le pignon présente encore, côté rue, la trace de l’enseigne de la salle des fêtes qui occupa une partie du bâtiment pendant une trentaine d’années.

Le corps de droite accueille notamment un pigeonnier-porche carré à toit en pavillon couvert d’ardoise. Il compterait environ 255 boulins. Le passage se fait par un grand arc en plein cintre côté cour, par une large porte à linteau droit et corniche côté jardin. Un élément de cadran solaire figure sur la façade côté cour, au-dessus de l’agrafe du porche. L’épi de faîtage est surmonté d’une cloche. Le corps de gauche présente encore, côté rue, la trace de l’enseigne de la salle des fêtes qui l’occupa pendant une trentaine d’années. Immédiatement à gauche se trouve la petite chapelle, percée d’une porte en anse de panier et d’une baie en arc brisé, puis une dépendance à large porte en anse de panier. Une partie des stucs d’origine subsistent, ainsi qu’une niche en anse de panier et les chevrons qui supportaient la voûte lambrissée en anse de panier. A droite du pigeonnier se situent l’étable, l’écurie et le poulailler. On peut y voir plusieurs portes en anse de panier et une autre ornée d’un linteau en accolade remployé, lequel porte encore la trace d’un écu.

Un puits à margelle en pierre de taille et à système de puisage en ferronnerie à volutes se trouve dans la cour. Un grand parc se trouve au nord et un vivier était alimenté par la Boutonne.
Matériau(x) de gros-œuvre et mise en œuvre : calcaire ; moellon
Matériau(x) de couverture : ardoise
Vaisseau(x) et étage(s) : rez-de-chaussée ; 1 étage carré ; étage de comble
Parti d’élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; croupe
Technique du décor : sculpture
Représentation : ornement architectural : vase
Précision sur la représentation : Piliers du portail surmontés d’aiguières.
État de conservation : bon état

Intérêt de l’œuvre

Œuvre repérée, propriété d’une personne privée

En images…

Logis de Garnaud, Rue de la Sablière, Poursay-Garnaud, France

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